Semence paysanne

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Les semences paysannes ont été baptisées ainsi pour les distinguer des semences certifiées produites par les entreprises semencières et les semences fermières qui sont des graines de deuxième génération produites par les agriculteurs à partir des semences certifiées (protégées par des droits de propriété intellectuelle). Les semences paysannes sont donc des semences directement issues de celles que les paysans ont sélectionnées et multipliées dans leurs champs avant le développement au XIXème siècle de la sélection variétale en lignée pure moderne.

Emergence du concept de semence paysanne

Les semences paysannes sont un concept récent mais qui correspond à une réalité ancienne. Elle vise à les différencier des semences certifiées développées à partir du XIXème siècle et généralisée dans la 2ème moitié du XXème siècle. La règlementation en vigueur, la spécialisation du métier de semencier et la promotion des nouvelles variétés particulièrement dans la période de l'après-guerre ont pour effet la quasi disparition de la sélection paysanne et des variétés-populations. En effet, selon la règlementation, les semences paysannes pour être mises en marché, auraient du suivre les mêmes règles d'homologation que les autres semences. Or les variétés populations de par leur diversité intra-variétales sont moins homogènes que les variétés-lignées. De plus l'inscription au catalogue est un processus coûteux qui dissuade l'inscription de variétés locales à faible diffusion et donc à faible marché potentiel. Le renouveau des semences paysannes s'effectue simultanément dans plusieurs pays, mais notamment au Brésil et en Syrie [1] (rappelons que la Syrie est le berceau historique du blé). En France, en 2003 (27-28 février) le colloque d'Auzeville, marque l'apparition d'un réseau structuré de paysans-sélectionneurs qui revendiquent leur action et réclame un statut pour les semences paysannes[2]. En mai 2005 dans le cadre de la convention liant l'INRA à la confédération paysanne s'est tenu à Angers un colloque "Quelles variétés et semences pour des agricultures paysannes et durables"[3] qui a officialisé la coopération entre les réseaux de paysans-sélectionneurs et la recherche agronomique, au sein de démarche dite de sélection mutualiste ou participative. En 2009, le terme "semences paysannes" est pour la première fois utilisé par une instance officielle, dans le rapport du secrétaire général de l'ONU, Olivier De Schutter sur le droit à l'alimentation[4].

Le concept de semences paysannes

Les semences paysannes sont sélectionnées avec des méthodes de sélection à la portée de l'utilisateur (agriculteur ou jardinier) : sélection massale, croisements manuels, multiplication végétative.Les semences paysannes sont ainsi sélectionnées dans les fermes, en conditions réelles, que ce soit par un agriculteur ou par un sélectionneur.

Ce concept se traduit dans les faits par des pratiques très diverses : "de la collection des variétés obtenues par les maisons de sélection historiques, à la sélection par l'agriculteur lui-même de variétés adaptées à son terroir, en passant par la recherche de variétés de pays, ou par la mise en culture de sélection récentes réalisées pour l'agriculture biologique par des sélectionneurs biodynamistes"[5].

Ce qui caractérise toutes ces démarches, c'est :

  • la réunion dans un même processus de la conservation et la sélection : on parle couramment dans le cas des semences paysannes de variété-population pour marquer l'importance de la diversité intravariétale (au sein de la même variété). De base génétique large, elles co-évoluent avec l'environnement, participant ainsi à la gestion dynamique de la biodiversité cultivée[6].
  • l'existence de pratiques autonomes de sélection : si les "semences paysannes" sont souvent associées aux "variétés anciennes", c'est que ces pratiques autonomes exigent de travailler à partir de variétés antérieures à la sélection moderne, qui s'est spécialisée en station et considère l'agriculteur strictement comme un "utilisateur" de semences.
  • le rejet d'un "modèle de rapport au vivant centré sur la maîtrise, la manipulation et l'artificialisation" pour lui substituer "un autre regard, construit sur la co-habitation et le pilotage"[7]

Notes et références de l'article

  1. Decentralized-participatory plant breeding: an example of demand driven research, Salvatore Ceccarelli Æ Stefania Grando;Euphytica (2007) 155:349–360;DOI 10.1007/s10681-006-9336-8
  2. Demeulenaere Elise, Bonneuil Christophe, "Cultiver la biodiversité : semences et identité paysanne. in Hervieu B, Mayer N, Purseigle F, Muller P&J Rémy (dir), Les mondes agricoles en politique. De la fin des paysans au retour de la question agricole, 2010 : "C'est à l'occasion de la rencontre qui lance la création du réseau, les "premières rencontres Semences paysannes" à Auzeville (banlieue toulousaine) en février 2003,qu'apparaît le néologisme "semences paysannes".
  3. http://www.inra.fr/dpenv/do30.htm
  4. "Politiques semencières et droit à l'alimentation : accroître l'agrobiodiversité et encourager l'innovation, note du secrétaire général des Nations Unies, 23 juillet 2009
  5. Demeulenaere E, Bonneuil C, 2010
  6. Goldringer Isabelle, On Farm dynamic management of wheat populations/varieties in organic agriculture : a way to valorize GxE interactions, 2008
  7. Demeulenaere E, Bonneuil C, 2010

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