Partie prenante

De Coredem
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En sciences politiques, une partie prenante est un acteur individuel ou collectif concerné par une décision ou un projet. Le terme partie prenante (stakeholder en anglais) est surtout utilisé dans le domaine de la concertation. Par exemple, dans le cas d'une concertation portant sur un aménagement ou la gestion d'une portion de territoire, les parties prenantes peuvent être :

  • les propriétaires concernés
  • les autorités publiques (collectivités territoriales, administrations...)
  • les acteurs économiques
  • les associations d'usagers (clubs sportifs, randonneurs...), de protection de l'environnement ou du patrimoine, d'habitants ou de riverains, etc.

L'Américain Ronald Mitchell propose de classer les parties prenantes pour décider dans quelle mesure il est important qu'elles participent ou non à la concertation : voir Grille de Mitchell.

En économie, une partie prenante (stakeholder en anglais) est tout acteur interne ou externe à une entreprise et concerné par son bon fonctionnement sur le plan de la responsabilité sociétale.

Citons par exemple :

  • pour les acteurs internes : dirigeants, salariés, employés
  • pour les acteurs externes :
    • clients, fournisseurs, intermédiaires de financement (banques, gérants de fonds...), compagnie d'assurance,
    • ONG, associations, citoyen d'une collectivité - où l'entreprise exerce son activité, (riverains),...
    • collectivités territoriales, territoriale ou non, administration territoriale de la collectivité concernée,
    • Chambre de commerce et d'industrie (CCI),
  • Actionnaires et investisseurs (shareholder)

La notion de partie prenante est née d'une exigence éthique nouvelle de la société civile, qui demande que les entreprises rendent compte des conséquences sociales et environnementales de leur activité. C'est dans ce sens que les parties prenantes de la société civile ont des intérêts dans le bon fonctionnement de l'entreprise. La notion de partie prenante recouvre donc des questions d'éthique, qui couvre le champ de l'éthique de l'environnement, de l'éthique financière, et aussi, dans certains cas, de l'éthique sociale.

On peut donc distinguer les parties prenantes de premier rang c'est à dire celles dont l'entreprise ne peut se passer sans remettre en cause son fonctionnement ou sa survie (pérennité) et les parties prenantes de deuxième rang c'est à dire celles qui ne sont pas essentielles pour le fonctionnement ou la survie de l'entreprise.

Évolution de la définition

Origines

À l’origine, une « partie prenante » était une personne à qui l'on confiait une somme d’argent ou un bien en attendant de déterminer son propriétaire légitime, ou une tierce personne à qui des parieurs confiaient leur argent en attendant de connaître le gagnant.

Les tribunaux peuvent parfois remplir ce rôle en attendant de trancher un litige de propriété ou en désignant, lorsque des biens sont légués à un enfant, un administrateur dans l’attente de sa majorité. C’est un concept légal ancien.

En France, la comparaison la plus évidente est le notaire ou l’huissier de justice.

Théories du management

Une théorie de management[1] (Stakeholder view) utilise cette définition : « Dans une corporation, les parties prenantes sont des individus et des groupements qui contribuent, volontairement ou non, à la capacité de créer de la valeur et de l’activité et qui en sont ses bénéficiaires potentiels et/ou en assument les risques ».

Cette définition varie de celle de Freeman[2] qui inclut les concurrents comme « partie prenante » d’une société.

Évolutions récentes : notion d'intérêt

Dans les dernières décennies du Modèle:S, la notion de « partie prenante » a évolué pour désigner une personne ou une organisation qui a un intérêt légitime dans un projet ou une entité. En ce qui concerne les processus de décision dans les institutions, dont les grandes entreprises, les organismes d’État et les organisations non gouvernementales, le concept a été élargi pour inclure quiconque ayant un intérêt dans les actions de l’entité. Ceci comprend non seulement ses distributeurs, ses employés, et ses clients, mais aussi les membres de la commune où ses bureaux ou usines pourraient affecter l’économie locale ou l’environnement. Dans ce contexte, les « stakeholders » ne sont pas seulement ses directeurs et ses administrateurs siégeant au Conseil d’administration ou de surveillance dans le sens traditionnel du terme.

Par exemple, dans un projet de réhabilitation immobilier dont les immeubles sont habités durant les travaux, les « parties prenantes » sont les résidents et les voisins subissant des nuisances, l’équipe de gestion du projet, le propriétaire terrien, les financeurs, l’architecte et les constructeurs.

Les tenants de chaque type d’intérêt dans les affaires de l’entité (l’entreprise) peuvent se regrouper. Il peut avoir un ou des groupements d’actionnaires, de propriétaires voisins, de banques d’investissement, etc. Dans ce contexte, le groupement est un synonyme de « partie prenante ».

Dans cette optique l'entreprise est considérée comme un "nœud de contrats", plus ou moins formalisés, entre ces divers agents économiques. Cette approche suppose que l'entreprise satisfasse un certain équilibre entre les intérêts respectifs de ces diverses parties. De même que les diverses parties sont supposées respecter certains intérêts de l'entreprise. Cela suppose de définir les intérêts communs (ou non) entre les parties, autrement dit de définir des communautés d'intérêts adéquates.

La satisfaction des intérêts des parties prenantes passe par une analyse approfondie des usages des informations dans les métiers de l'entreprise, lors des échanges avec les parties prenantes, ce qui doit faire l'objet d'un processus de veille et d'intelligence économique.

Responsabilité vis-à-vis des parties prenantes

Ce type de responsabilité est parfois appelé responsabilité sociale des entreprises.

La responsabilité sociale d'entreprise est en fait l'application des principes de développement durable à l'entreprise. À l'origine (sommet de la Terre de Rio de Rio en 1992, et agenda 21), le développement durable s'est appliqué aux États et aux collectivités territoriales. Le concept s'est élargi au sommet de la Terre de Johannesburg (2002) pour inclure les entreprises. L'Union européenne a publié un livre vert pour définir les principes de Responsabilité sociale (ou sociétale) des entreprises (RSE).

Le gouvernement français (Jean-Pierre Raffarin) a lancé à partir de 2003 une politique d'intelligence économique, qui met l'accent sur les questions de veille plus que de communication.

Des cabinets d'avocats d'affaires peuvent assister les entreprises sur les questions juridiques, lors de la négociation de grands contrats.

Entreprises

Dans le domaine de la gouvernance d’entreprise, un débat majeur est en cours pour déterminer si l’entreprise doit être gérée dans l’intérêt des « parties prenantes » ou seulement des actionnaires ou des clients. Ceux qui défendent le point de vue des « parties prenantes » basent leur argumentation sur trois affirmations principales :

  1. La création de valeur est plus forte lorsque ses bénéficiaires sont multiples. Par exemple, selon cette ligne de pensée, un projet qui satisfait les besoins des employés et des attentes des actionnaires a une double valeur car il cible en même temps, deux groupements légitimes de « parties prenantes ».
  2. Ils disputent également le rôle prééminent accordé aux actionnaires par un grand nombre d’économistes. Ils argumentent que les financeurs, les salariés et les fournisseurs prennent également des risques dans le succès d’un projet.
  3. Ces arguments normatifs auraient peu d’importance si les actionnaires avaient un contrôle total dans la gouvernance de l’entreprise.

Cependant, beaucoup pensent que les Conseils d’administration ou de surveillance sont à l’image de la structuration du capital et des actions de l’entreprise, et le pouvoir réel de l’entreprise entre les mains des Directeurs Généraux.

En France : ce pays a été l'un des derniers pays occidentaux à transformer la législation sur la gouvernance d'entreprise. Aujourd'hui, la loi accorde beaucoup moins de pouvoirs aux dirigeants, le pouvoir est plus réparti entre les membres du conseil d'administration, de sorte que le Directeur Général est souvent dans l'obligation d'appliquer des directives imposées pas les actionnaires, lesquels dépendent le plus souvent des marchés financiers.

Parties prenantes et objectifs principaux

Tableau synthétique présentant des parties prenantes et leurs intérêts ou objectifs principaux :

partie prenante Exemples de leurs objectifs, intérêts
Équipe de direction / Décideurs Gouvernance, Culture d'entreprise, ventes à l'exportation, risque de réputation, stratégie (court et moyen terme), responsabilité civile, risque de perte de compétence, performance, rémunération, lien de subordination
Propriétaires / actionnaires Profit, valeur de l'action en bourse, information, stratégie (long et moyen terme)
Clients Qualité et absence de défaut des produits/Coût et délai de livraison des produits/qualité de service, relation de confiance et partenariat
État, Mission économique Souveraineté, sécurité collective (défense), indépendance énergétique, sécurité des approvisionnements (énergie, matières premières), exportations, respect des principes du droit (sécurité juridique), respect des règles (comptabilité publique, loi), monnaie, impôts
Citoyens des communautés locales Information sur les impacts environnementaux et sociaux (emplois), taxes et contributions financières, risque juridique
Employés Rémunération, sécurité de l'emploi, intérêt du travail, conditions de travail, hygiène et sécurité au travail (CHSCT)
Syndicats Négociation d'accords, rémunération, conditions de travail, hygiène et sécurité au travail (CHSCT)
Fournisseurs / sous-traitants Prix et volume d'achat, continuité, retombées technologiques, partenariat
Banques Fiabilité des systèmes de paiement
Investisseurs Informations sur la solvabilité, la liquidité,
Compagnie d'assurance Informations sur la gestion des risques et la solvabilité, sur la sécurité informatique (profil de protection)

Notes et références

  1. Post, Preston, Sachs (2002),
  2. Freeman R.E., "Strategic Management: A Stakeholder Approach", éd. Pitman. 1983. (ou 1984)

Voir aussi

Sur Wikipédia

Liens externes

Bibliographie

  • Freeman R.E., Pierce J., Dodd H., "Environmentalism and the New Logic of Business", éd. Pitman. 2002.

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