Capitalisation d’expériences

De Coredem
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Capitaliser, c’est « accumuler des connaissances »[1].Cette définition pose problème : il y a une différence entre l’accumulation (entassement) et la capitalisation (articulation des expériences entre elles pour les transformer en investissement).

D’autre part, le vide conceptuel est tel que l’on classe tout dans la capitalisation, comme avant on le faisait dans l’évaluation ou la systématisation. Il y a donc danger d’incompréhension.

Selon Bernard LECOMTE [2], capitaliser c’est « exprimer le fruit d’une expérience et permettre que l’expérience propre à chacun puisse devenir une connaissance partagée » , afin de rectifier l’action. Et ceci se fait au sein d’un groupe, car c’est un apprentissage « retravaillé à plusieurs en le confrontant à d’autres » . La diffusion des résultats d’un processus de capitalisation gagne à être conçue comme une partie intégrante de celle-ci, afin qu’elle gagne à être pensée en fonction du public que l’on veut toucher.

A société et enjeux complexes, besoin d’une vision ou pilotage : la capitalisation est un des outils.

Au début des années 80, on ne parlait que d’évaluation. Et ce processus ne faisait que mettre les gens sur leur défensive, c’était mal vécu. Le terme « capitalisation » a été surtout diffusé par la Fondation pour le Progrès de l’Homme et l’IRED (Innovations et Réseaux pour le Développement). Il signifiait que quelqu’un essayait de garder la trace d’une expérience vécue afin qu’elle serve à d’autres. Mais, pour qu’elle puisse être positivement vécue, elle doit remplir deux conditions. D’une part, être interne : capitaliser, c’est partager sa propre expérience avec autrui, avec l’intention de trouver en retour d’autres expériences qui vont, elles aussi, se donner à voir avec leurs qualités et leurs défauts. D’autre part, elle doit être dépersonnalisée : si on capitalise sur une seule institution, cela génère forcément des tensions. Il est donc préférable d’omettre les noms.

La capitalisation raconte un vécu en l’analysant, et c’est l’émotion qui permet de faire transmettre l’expérience. [Lecomte B. - 2003].

La capitalisation d’expériences s’intéresse au vécu des acteurs autant qu’à l’action. En effet, il y a carence dans la circulation de la réflexion sur l’action, pour des raisons de diffusion, de volonté politique ou autres.

Elle constitue un processus d’apprentissage et d’autoformation . C’est rendre l’information disponible et accessible, valoriser des informations et des compétences, transformer l’expérience et connaissance partageable, afin de la mettre au service de l’action. La capitalisation joue aussi un rôle d’évaluation interne.

Il y a pourtant des variations dans la définition. Pour certains, elle est action, pour d’autres, information, pour d’autres encore, expérience ou thème. Dans tous les cas, les objectifs poursuivis par la capitalisation sont variés :

  • Améliorer la relation action-réflexion ;
  • Aider les acteurs à s’affirmer et se former ;
  • Améliorer l’action ;
  • Reconnaître et améliorer les processus de l’action et de l’apprentissage ;
  • Développer la capacité de proposition ;
  • Conserver, organiser et rendre disponible l’information ;
  • Valoriser les informations et les expériences en les rendant accessibles ;
  • Transformer l’expérience en connaissance partageable ;
  • Aider à la recomposition des savoirs / pratiques / sociétés ;
  • Aider les organisations à devenir apprenantes et proposantes ;
  • Stimuler et enrichir des dynamiques d’échange entre acteurs et entre acteurs et chercheurs ;
  • Promouvoir des actions exemplaires et des organisations.

On capitalise ce qui intéresse, intrigue ou émeut l’acteur lui-même, le vécu, avec sa subjectivité, les processus (d’évolution, d’apprentissage). On capitalise autant les échecs que « ce qui marche » . La capitalisation est effectivement révélatrice des erreurs. Mais elle diffère de l’évaluation en ce que celle-ci est imposée, et donc mal vécue, rarement féconde. Alors que capitaliser ce n’est pas juger. C’est reconstituer le vécu et tenter de voir les avancées et les reculs, etc. C’est plutôt une reconstitution des processus, et non pas du résultat.

Notes et références

  1. VENDROUX Etienne, dir. (1993), « AXIS : l’univers documentaire », n°1, Hachette, 530 p.
  2. Ollitrault-Bernard Annik., Robert Sylive et de Zuter Pierre, coord., Analyser et valoriser un capital d’expérience : repères pour une méthode de capitalisation, Paris, Éditions Charles Léopold Mayer, 2001, Consulter l'ouvrage.

Références

  • Le capital mémoire, identifier, analyser, valoriser l'expérience dans les institutions, Annik Ollitrault-Bernard, Sylvie Robert, Éditions Charles Léopold Mayer, 2005, Consulter l'ouvrage.
  • PEREZ Paloma, “Les réseaux humains en tant que vecteurs de développement : réflexions sur les pratiques", Extrait du Mémoire de DESS, Université Pierre Mendès-France (Grenoble II), septembre 2004.


Liens externes

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